En France, 15 à 30% de la population serait contaminée par Helicobacter Pylori, une bactérie susceptible d’entraîner des ulcères gastroduodénaux et des cancers gastriques. Si vous avez du reflux ou des douleurs d’estomac, généralement on va aller rechercher la présence de cette bactérie. Malheureusement le traitement est loin d’être anodin et dénué d’effets secondaires ou de conséquences à court /moyen/long termes ! Certains gastroentérologues aux Etats-Unis commencent à mettre un peu de nuance dans ce traitement systématique. Il est aussi temps d’envisager des approches différentes pour éviter de devoir choisir entre un ulcère à l’estomac et un SIBO découlant du traitement !
Helicobacter Pylori, qui es-tu vraiment ?
Il s’agit d’une bactérie gram négative en spirale (d’où son nom ‘Helicobacter’) qui a la capacité de se développer dans des environnements acides. Elle peut ainsi coloniser notre muqueuse gastrique voire celle du duodénum.
Cette bactérie est très répandue puisqu’elle serait présente chez plus de la moitié des habitants du monde (80% dans les pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud, 15 à 30% aux Etats-Unis ou en Europe). Dans la grande majorité des cas, cela ne serait accompagné d’aucun symptôme. Seule une partie des personnes présentant une colonisation à Helicobacter Pylori développe un ulcère pouvant, dans le pire des cas, dégénérer en cancer de l’estomac.
Elle serait transmise par la salive, les selles, les urines, notamment lors de l’enfance. Il s’agit d’une bactérie opportuniste qui, dans certaines conditions, devient pathogène sans qu’on en comprenne encore les raisons.
Une question que l’on peut se poser légitimement est de savoir s’il faut systématiquement traiter ou pas Helicobacter Pylori. Cette question peut sembler stupide pour la plupart des gastroentérologues qui traitent systématiquement (et de manière ‘musclée’), mais de plus en plus de spécialistes aux Etats-Unis commencent à reconsidérer cette approche systématique.
Qu’est-ce qui favorise le développement de H.Pylori ?
Le stress semble être toujours un facteur important. En effet, certaines études ont montré que l’adrénaline produite par le stress a la capacité d’augmenter la croissance de souches d’Helicobacter Pylori. Une étude de 2017 a clairement montré une relation entre la prévalence de cette bactérie et le niveau de stress, d’anxiété et de dépression.
Attention cependant, il peut y avoir des ulcères et des hémorragies au niveau de la paroi de l’estomac sans présence d’Helicobacter, juste à cause du stress1. Il existe une certaine ironie à penser qu’auparavant les médecins estimaient que l’ulcère gastrique ou duodénal était dû au stress, puis après la découverte d’Helicobacter Pylori, ces mêmes médecins ont changé d’opinion et accusé cette bactérie d’être responsable des ulcères. Maintenant on se rend compte que ces deux facteurs, la bactérie et le stress peuvent être reliés ou tous les deux coupables…
Autre cause possible : la préexistence d’une hypochlorhydrie (ou manque d’acidité de l’estomac)2
Effectivement, on accuse généralement H.Pylori d’être responsable d’un manque d’acidité de l’estomac, et c’est vrai ! Elle produit une enzyme, l’uréase, qui tend à diminuer la sécrétion d’acide par l’estomac pour se créer un milieu encore plus propice.
Cependant on peut légitimement se demander si une diminution de cette acidité stomacale liée à une autre cause (hypothyroïdie, vieillissement, stress chronique associé à une dérégulation du tonus vagal) ne créerait pas justement une baisse de l’effet barrière lié au pH acide de l’estomac ! C’est une hypothèse que j’émets depuis un moment et je viens de voir qu’une étude vient justement l’appuyer2 !
Intérêts de NE PAS traiter H.Pylori ?
Mon but n’est pas de vous inciter à stopper ou refuser le traitement donné par votre médecin ou gastro-entérologue, bien entendu. En revanche, je trouve important d’ouvrir les consciences à des données scientifiques encore trop peu connues dans ce domaine.
Déjà, il est important de considérer les risques d’un traitement par tri-ou quadri-thérapie incluant 2 antibiotiques :
- Effets secondaires parfois très marqués pendant le traitement
- Développement de résistances aux antibiotiques.
- Modification court terme et long terme de la flore bactérienne et mycosique de l’intestin pouvant aboutir à un syndrome de l’intestin irritable voire à un SIBO (pullulation bactérienne du grêle.
- Risque de développer des diarrhées à Clostridium Difficile
Certaines études3 montrent également que H.Pylori aurait quelques bénéfices méconnus :
- Protection contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn
- Protection contre la maladie cœliaque
- Protection contre des maladies de l’œsophage
- Protection contre le développement d’asthme ou de rhinite allergique chez l’enfant
Si la recherche et le traitement d’Helicobacter Pylori est largement recommandé en cas d’ulcère et/ou de cancer de l’estomac ou du duodénum, en revanche cela semblerait peu utile pour d’autres pathologies telles que le reflux ou la dyspepsie, selon un article paru en 99 dans le magazine Gastroentérology 4. Cela se justifierait encore moins pour une identification au cours d’un test de routine sans symptômes associés !
Approches naturelles de l’infection à H.Pylory
Certains actifs ont montré des effets positifs dans le traitement d’Helicobacter. Certaines n’ayant été faites que sur les animaux, il convient de rester prudent, mais une combinaison de plusieurs actifs semble en tout cas permettre d’obtenir des résultats satisfaisants.
Les aliments à favoriser en cas d’infection à Helicobacter Pylori
Globalement, ce sont beaucoup d’aliments riches en antioxydants qui semblent apporter un bénéfice quant à la présence de cette bactérie.
- Les pousses de brocoli (graines germées de brocoli)
Une étude publiée en 2004 et une autre en 2006 ont montré qu’une consommation de pousses de brocoli frais à hauteur de 100g/jour pendant 2 mois permettait de diminuer significativement la présence de bactéries et d’améliorer les symptômes de gastrite.
- Les baies rouges, notamment les cranberries et les myrtilles
Comme pour les infections urinaire, les cranberries auraient une action anti-adhésive sur H.Pylori. La richesse en antioxydants de ces baies serait aussi un atout indéniable pour diminuer l’effet pro-oxydant et l’inflammation de la muqueuse. Attention, il faudrait en consommer une quantité non négligeable, à savoir 2x 250g/jour ! Pour évite de s’en dégouter, mieux se limiter à une bonne poignée et l’associer à d’autres aliments.
- Le thé vert
Différentes études ont montré que le thé vert avait la capacité d’inhiber la croissance d’Hélicobacter Pylori et de réduire sa capacité d’adhésion à la muqueuse gastrique. Les consommateurs réguliers de thé vert sembleraient être deux fois moins infectés par cette bactérie ! En revanche, favorisez un thé vert d’origine japonaise et bio (ex : thé sencha ou matcha) qui sera moins pollué en métaux lourds que les équivalents chinois. Ne dépassez pas 2 tasses/jour et, si vous manquez de fer, consommez-le à distance des repas.
- La nigelle ou cumin noir
Cette graine parfumée très utilisée dans la cuisine marocaine est également bénéfique contre Helicobacter. Deux études ont montré son effet, à raison de 6gr/jour de graines broyées et mélangées à du miel, en 3 prises, pendant 15 jours6. Si le gout déplait, il est aussi possible d’en prendre en gélules !
Limitez en parallèle les aliments pro-inflammatoires et acidifiants : viandes rouges, charcuterie, fromages, excès de sel ou d’aliments salés (chips, …) et bien sûr produits ultra-transformés.
Quels compléments pour traiter naturellement H.Pylori ?
Bien souvent le traitement naturel d’Helicobacter Pylori passera par l’association de différents actifs complémentaires. Parmi les substances ayant démontré des effets sérieux sur le traitement d’H.Pylori on retrouve :
- L’extrait de champignon Hericium erinaceus ou crinière de Lion7 : utilisé depuis des siècles en médecine traditionnelle chinoise contre les ulcères d’estomac, l’Hericium agit sur plusieurs tableaux : en augmentant l’épaisseur du mucus protecteur de l’estomac et en freinant le développement d’Helicobacter. Attention, dans le domaine de la mycothérapie, tous les compléments ne se valent pas. Pour une efficacité supérieure, optez pour la marque experte de ce domaine : Hifas da Terra et sa référence Mico-leo.
- L’extrait de pousses de brocoli standardisé en glucoraphanine (et idéalement myrosinase, enzyme permettant la transformation de la glucoraphanine en sulforaphane qui est LE composé actif). En France, je recommande notamment le Brocosulf Premium de Nutrixeal . Le sulforaphane est un inhibiteur de l’enzyme uréase, produite par H.Pylori pour se développer et se fixer à la paroi intestinale. Comme pour l’Hericium, on sera plutôt sur une inhibition de développement, associé à un effet anti-inflammatoire.
- La gomme mastic8: au moins 1 étude sérieuse menée sur 52 personnes a montré un effet positif de la prise de gomme mastic (gomme issue de l’arbre…..) sur l’éradication de la bactérie Helicobacter. L’effet semble déjà effectif à raison de 300mg 3x/jour mais monter jusque 1000mg 3x/jour apporterait plus de résultats (4/13). Cela semble peu, mais en l’associant à un autre actif, l’effet sera amélioré.
- Les probiotiques 9,10: les études montrent qu’ils peuvent à la fois agir en augmentant l’effet d’un traitement antibiotique tout en limitant l’impact sur le microbiote intestinal, et agir de manière isolée. Peu d’études cependant ont été réalisées sur l’utilisation de probiotiques seuls dans le traitement d’Helicobacter. Si globalement de nombreux probiotiques semblent avoir un effet bénéfique sur cette bactérie, 3 tirent un peu leur épingle du jeu : boulardii (aussi appelée ultra-levure !), L. johnsonni La1 et la souche thermostabilisée L. reuteri brevetée sous le nom Pylopass®. Remarque: La référence LAB Digest de Parinat contient la souche L.reuteri (ainsi qu’une autre souche thermostabilisée ayant montré ses bénéfices sur H.Pylori) et de la gomme mastic. Cela pourrait représenter une bonne approche pour aborder cette dysbiose de l’estomac, au moins en première intention.
Si vous souhaitez une approche exclusivement naturelle, je vous conseille vivement d’associer une modification de vos habitudes alimentaires à un traitement combinant au moins 2 actifs parmi ceux cités ci-dessus…sans oublier une bonne gestion du stress par ailleurs !
Si vous souhaitez plutôt vous faire accompagner dans cette démarche ou échanger sur vos problématiques actuelles, demandez un appel découverte !
Sources :
- Kim YH, Lee JH, Lee SS, Cho EY, Oh YL, Son HJ, Rhee PL, Kim JJ, Koh KC, Paik SW, Rhee JC, Choi KW. Long-term stress and Helicobacter pylori infection independently induce gastric mucosal lesions in C57BL/6 mice. Scand J Gastroenterol. 2002 Nov;37(11):1259-64.
- Yana Zavros, Gabriele Rieder, Amy Ferguson, Linda C. Samuelson, Juanita L. Merchant, Genetic or chemical hypochlorhydria is associated with inflammation that modulates parietal and G-cell populations in mice, Gastroenterology, Volume 122, Issue 1, 2002, Pages 119-133, ISSN 0016-5085, https://doi.org/10.1053/gast.2002.30298.
- Miller AK, Williams SM. Helicobacter pylori infection causes both protective and deleterious effects in human health and disease. Genes Immun. 2021 Aug;22(4):218-226. doi: 10.1038/s41435-021-00146-4. Epub 2021 Jul 9. PMID: 34244666; PMCID: PMC8390445.
- H. pylori in nonulcer dyspepsia: To treat or not to treat? Gordon, Dan Gastroenterology, 1999, Volume 116, Issue 3, 511
- Tuma, Rabiya S. PhD. Broccoli Sprout Consumption Reduces H. Pylori Colonization. Oncology Times 28(2):p 27-29, January 25, 2006. | DOI: 10.1097/01.COT.0000294723.80359.ea
- Hashem-Dabaghian “Combination of Nigella sativa and honey in eradication of gastric helicobacter pylori infection” Iran Red Crescent Med J 2016 Jun 21;18
- Wang G, Zhang X, Maier SE, Zhang L, Maier RJ. In Vitro and In Vivo Inhibition of Helicobacter pylori by Ethanolic Extracts of Lion’s Mane Medicinal Mushroom, Hericium erinaceus (Agaricomycetes). Int J Med Mushrooms. 2019;21(1):1-11. doi: 10.1615/IntJMedMushrooms.2018029487. PMID: 30806251.
- Dabos KJ, Sfika E, Vlatta LJ, Giannikopoulos G. The effect of mastic gum on Helicobacter pylori: a randomized pilot study. Phytomedicine. 2010 Mar;17(3-4):296-9. doi: 10.1016/j.phymed.2009.09.010. Epub 2009 Oct 29. PMID: 19879118.
- Homan M, Orel R. Are probiotics useful in Helicobacter pylori eradication? World J Gastroenterol. 2015 Oct 7;21(37):10644-53. doi: 10.3748/wjg.v21.i37.10644. PMID: 26457024; PMCID: PMC4588086.
- Holz C. et al. (2014). Significant Reduction in Helicobacter pylori Load in Humans with Non-viable Lactobacillus reuteri DSM17648: A Pilot Study. Probiotics & Antimicro. Prot.