Hypothyroïdie qui ne se corrige pas malgré un traitement: que faire ?

par | 26 Août 24 | Blog, Hormones

La thyroïde…un de mes sujets favoris, et malheureusement aussi un sujet bien maltraité (ou mal traité) par la médecine actuelle. Entre les diagnostics trop tardifs ou non fait, faute d’écoute des patients et d’analyses trop partielles, et les prises en charges parfois expéditives et partielles, il y a effectivement beaucoup à dire/faire sur ce sujet !

Je vais m’adresser ici aux personnes qui se retrouvent en errance, avec des symptômes d’hypothyroïdie (fatigue chronique, surtout matinale, perte de cheveux, frilosité, extrémités froides voire syndrome de Raynaud, transit lent et/ou mauvaise digestion, éventuellement prise de poids inexpliquée, perte de la queue du sourcil…), malgré _ou empiré par_ un traitement hormonal (L-thyroxin, Lévothyrox ou équivalent). Quelles en sont les causes et que faire pour corriger cela ? Les réponses ci-après…

Quelques bases pour comprendre la thyroïde

La thyroïde : organe clé de régulation de notre métabolisme

La thyroïde est une glande située à la base du cou, en forme de papillon. Sous la régulation de la TSH, produite par l’hypophyse, elle produit essentiellement l’hormone T4 à partir d’un précurseur, la tyrosine (acide aminé apporté par l’alimentation), et 4 atomes d’iode. Si le niveau de T4 est trop bas, généralement la TSH augmente pour ‘booster’ la thyroïde, et inversement la TSH baisse pour freiner la thyroïde en cas de T4 élevée. Quand tout fonctionne normalement, on a donc une TSH qui évolue de manière inverse au taux de T4.

La thyroïde produit également un peu de T3, mais la majorité de celle-ci est produite à partir de la T4, par un processus appelé désiodation (dans lequel l’enzyme 5’désiodase enlève un atome d’iode à la T4). Cette conversion à lieu majoritairement dans le foie, ainsi que dans les reins, les intestins ou encore les ovaires. Il est utile de rappeler que la T4 est plutôt une hormone de stockage. La T3 est en effet 4 à 20 fois plus active que la T4. D’où l’importance du dosage de la T3 libre pour évaluer la fonction thyroïdienne !

La T4 peut, dans certaines conditions, être convertie d’avantage en T3 reverse qu’en T3 ‘classique’. Cette conversion aura lieu en cas d’excès de cortisol ainsi qu’en cas de carences en zinc ou sélénium, de présence de métaux lourds (plomb, mercure, cadmium), en cas d’excès d’œstrogènes (pilule… ou déséquilibre hormonal), d’insuffisance hépatique ou rénale ou d’excès d’insuline (=diabète). Cette T3 reverse vient se fixer sur les récepteurs à la T3 mais n’a pas d’action derrière. C’est donc un mécanisme de régulation du corps pour freiner la fonction thyroïdienne.

Les fonctions de la thyroïde

Les rôles des hormones thyroïdiennes, et notamment de la T3, sont nombreux. Citons les plus importants :

  • Métabolisme énergétique, ce qui englobe notamment la régulation de la chaleur corporelle, le métabolisme du cholestérol et des triglycérides, la normalisation de la glycémie et de l’insulinémie.
  • Digestion: production d’acide chlorhydrique au niveau de l’estomac et d’enzymes digestives par le pancréas, stimulation de la vésicule biliaire, activation de la motilité intestinale (donc une hypothyroïdie peut entrainer un ralentissement du transit).
  • Régulation hormonale : un niveau de T3 suffisant est indispensable pour la bonne production des hormones stéroïdes (cortisol, œstrogènes, progestérone, testostérone,…).
  • Microcirculation sanguine et lymphatique (d’où un syndrome de Raynaud fréquent chez les personnes souffrant d’hypothyroïdie…).
  • Croissance, surtout chez le nourrisson

La thyroïde peut être considérée comme un véritable chef d’orchestre de notre organisme.

Quand la TSH ne reflète plus la fonction thyroïdienne…

Comme vu plus haut, généralement, la TSH évolue de manière inverse à la T4 libre : si la T4 est trop basse (=hypothyroïdie), la TSH est sensée augmenter, et inversement (en cas d’hyperthyroïdie on a donc une TSH trop basse). C’est pour cela que la Haute Autorité de Santé (ou HAS, l’instance qui donne les directives aux médecins) recommande de se baser sur le taux de TSH pour évaluer la fonction thyroïdienne. Seulement voilà, ce dosage seul va emmener à des erreurs de diagnostics (faux négatifs) dans plus de 50% des cas…

  • 1er hic: la T4 peut être normale MAIS pas suffisamment transformée en T3…ce qui résulte en une hypothyroïdie secondaire ou fruste.
  • 2e hic : La T4 et la T3 sont normales (normales=dans les normes santé, qui ne sont pas les normes labo, précisons-le ! ) MAIS la T3, hormone active, ne parvient pas à rentrer dans les cellules où elle est sensée agir faute de niveaux suffisants de vitamine A
  • 3e hic : dans certains cas, on peut avoir une décorrélation entre la thyroïde et l’hypophyse, e qui entraine un niveau de TSH normal voire bas MAIS une T4 trop basse, et une T3 trop basse également. On parlera ici d’hypothyroïdie centrale : la thyroïde fonctionne, mais c’est le niveau du dessus, l’hypophyse, qui met le holà…ou qui fonctionne mal.

Ces 3 ‘hics’ peuvent expliquer pourquoi certaines personnes, pourtant sous traitement thyroïdien, ne voient pas de mieux au niveau de leurs symptômes, voire se trouvent même dans un état pire (la prise de T4 seule en excès, amène un phénomène de rétrocontrôle de l’organisme.

Qu’est ce qui peut expliquer ces dysfonctionnements?

Dans le 1er cas (manque de conversion T4-T3), cela peut-être en lien avec un stress élevé (cortisol haut), un manque de nutriments clés (zinc, sélénium, vitamines B12, fer, vitamine D), un excès d’œstrogènes (prise de pilule, surpoids, …), un terrain inflammatoire, la présence de métaux lourds, une insuffisance hépatique,…

Dans le 3e cas, cela peut être en lien avec :

  • Un déficit de la balance énergétique : trop de dépenses par rapport aux apports, ce qui peut se retrouver chez les sportifs de haut niveaux (ou personnes faisant beaucoup de sport en général, et faisant attention à leur poids), régimes trop stricts, anorexie, soucis de digestion & absorption intestinale
  • Un dysfonctionnement surrénalien (« fatigue surrénalienne ») en lien avec un stress chronique et un niveau de cortisol chroniquement trop bas (lié ou non à une maladie type maladie d’Addison)
  • Un adénome hypophysaire

Bien entendu, si cette décorrélation TSH/T4 est identifiée, il faudra consulter un endocrinologue pour rechercher les maladies pouvant être liées (adénome hypophysaire, maladie des surrénales). Une fois ces causes éliminées, alors la prise en charge fonctionnelle par un praticien en micronutrition/nutrithérapie pourra s’avérer utile.

Comment faire pour enfin aller mieux dans ces cas-là ?

La première chose à faire est donc de comprendre quel dysfonctionnement est en jeu : manque de transformation T4 en T3 ? Trop de T3 reverse ? Décorrélation hypophyse-thyroïde ? Pas d’action de la T3 ?

Pour y répondre, il faut faire des analyses complémentaires (T4 et T3 libres dans le sang, TSH, éventuellement T3 reverse, iode urinaire, ferritine, B12, vitamines D, A, B12, sélénium,…). Mieux vaut vous faire accompagner par un endocrinologue idéalement associé à un praticien en (micro)nutrition formée en hormonologie fonctionnelle pour ne pas demander n’importe quoi et surtout pour savoir analyser derrière les résultats.

Une fois que vous savez ce qui n’est pas optimum, alors, vous allez pouvoir avancer :

  1. Corriger les carences clés évaluées par une analyse biologique, avec des nutriments bien absorbés (=biodisponibles)
  2. Corriger votre hygiène de vie pour éliminer notamment les sources de pollutions aux métaux lourds (arsenic, mercure,…) mais aussi les perturbateurs endocriniens (chlore, phtalates, …). Pour cela il est indispensable de bien filtrer son eau de boisson (et pas juste avec un morceau de charbon ou une carafe filtrante basique), de manger bio autant que possible, d’éviter les contaminations aux plastiques, etc…
  3. Si manque de conversion T4 en T3, rechercher la cause, hormis les carences : inflammation ? excès d’œstrogènes  (si prise de pilule oestro-progestative, peut-être envisager d’en changer ou de passer à un autre moyen de contraception non hormonal…) ? Stress à gérer ? Il est également possible dans ce cas-là de demander à votre médecin de remplacer la prise de T4 seule (L-thyroxine, Lévothyrox,…) par un mélange de T4 et de T3 tel qu’Euthyral® ou Euthyrox®
  4. Si décorrélation thyroïde-hypophyse (ET QUE TOUTE CAUSE GRAVE AURA ETE ELIMINEE PAR UN MEDECIN) : est-ce que vous mangez de manière adaptée par rapport à vos dépenses ? Est-ce que votre digestion et votre absorption intestinales sont correctes ? Si pas, nécessité de travailler à ce niveau, tant sur l’efficacité de la digestion haute (estomac/pancréas/foie/mastication) que de la perméabilité intestinale. Et encore une fois : quid de votre stress et d’une éventuelle « fatigue surrénalienne » ?

Compléments utiles en cas d’hypothyroïdie

Des compléments peuvent s’avérer utiles (en parallèle d’un traitement hormonal ou seuls, mais n’arrêtez pas votre traitement sans en parler à votre médecin !) pour adresser les déséquilibres en micronutriments (iode, sélénium,…) ou pour soutenir la thyroïde. Cependant, là encore, ce n’est pas parce que c’est naturel et en vente libre qu’il faut se supplémenter n’importe comment ! En micronutrition, le trop est l’ennemi du bien. Par exemple, la complémentation en excès de sélénium (souvent trouvé dans les complexes pour la thyroïde) est néfaste, idem pour la prise de vitamine A en excès.

En phytothérapie, il existe 3 plantes qui viennent soutenir la production de T4 voire la conversion T4 en T3. Il s’agit de la guggul , du Coleus forskohlii  et de l’ashwagandha. Cette dernière est ma préférée car elle est aussi adaptogène et aide dans la régulation du stress. Parmi les marques que j’apprécie et que je peux être amenée à recommander, vous avez le Complexe Thyroxequilibre Premium du laboratoire Français Microequilibre, idéal si multiples carences, les complexes Thyrodyn ou Thyrodyn T3 de Bionutrics qui permettent de peaufiner un peu plus.

Il est enfin possible de travailler en homéopathie pour venir réguler la thyroïde ou l’hypophyse.

Pour conclure

Vous l’aurez compris, tout cela est complexe et demande une enquête minutieuse pour remonter aux causes profondes et agir à la racine et non pas juste sur le symptôme. L’approche que je propose en tant que nutrithérapeute, formée en hormonologie fonctionnelle, est totalement compatible et même complémentaire avec celle de la médecine allopathique. Elle peut permettre d’aller plus loin sur la compréhension de vos symptômes et des déséquilibres profonds de votre corps. Ne restez donc pas seuls avec vos symptômes car une chose est sûre : si vous le ressentez dans votre corps, c’est que c’est bien réel, même si les analyses semblent indiquer que tout va bien ! Faites vous confiance et écoutez-vous !!

Pour prendre RDV pour un bilan en micronutrition, c’est par ici.

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