Les liens entre déséquilibres hormonaux et troubles digestifs

par | 25 Oct 24 | Blog, Hormones, Santé digestive

Les hormones (œstrogènes, progestérone, hormones thyroïdiennes…) peuvent influencer notre digestion? Et bien oui ! L’inverse est également vrai car un déséquilibre du microbiote intestinal ou certains dysfonctionnements du foie peuvent à leur tour entrainer des déséquilibres hormonaux.
C’est pour cela, qu’une prise de pilule ou de traitement hormonal substitutif peut occasionner des troubles digestifs chez certaines. C’est également pour cela qu’il peut être utilise d’aborder les déséquilibres hormonaux tels que endométriose, SOPK, syndrome prémenstruel en s’intéressant au(x) microbiote(s) !

Impact des hormones sur la digestion et le transit

Rôle des hormones thyroïdiennes sur la digestion

Les premières hormones impactant le transit et la digestion sont les hormones thyroïdiennes, et plus précisément la T3, qui est l’hormone active (la T4 est surtout une hormone de réserve). Un manque de T3 va ainsi venir freiner la production d’acide par l’estomac (par la diminution de l’hormone appelée gastrine)1. Cela dégrade l’efficacité digestive (les enzymes digestives ont un niveau d’activité dépendant du pH) et retarde la vidange gastrique. Les signes associés sont: lourdeur d’estomac, éructations, digestion lente, reflux, ballonnements.

De la même manière, le foie et la vésicule biliaire vont être impactés, avec souvent une augmentation du cholestérol sanguin (le cholestérol étant produit à 70-80% par le foie) et une diminution de la production et l’excrétion de bile. En découlent une digestion du gras plus compliquée et, souvent, la formation de calculs ou boues biliaires.

Enfin, la fonction thyroïdienne va venir impacter le péristaltisme intestinal. Une hypothyroïdie aura donc tendance à freiner le transit, alors qu’une hyperthyroïdie aura l’effet l’inverse.

Rôle des œstrogènes et de la progestérone sur le transit

Les œstrogènes et progestérone impactent les muscles lisses de l’intestin et donc impactent le transit. Notamment la progestérone a un effet myorelaxant qui peut ralentir le transit en 2e partie de cycle. A l’inverse, un excès d’imprégnation ostrogénique pourra accélérer le transit voire occasionner des diarrhées. De plus, les œstrogènes tendent à augmenter la production d’histamine et à rendre les récepteurs plus sensibles à celle-ci (et l’inverse pour la progestérone). Ce qui peux expliquer pourquoi certaines femmes ressentent des symptômes digestifs (ou autres, tels que maux de tête) au moment de l’ovulation (pic d’œstrogènes) ou en période prémenstruelle, lorsque le ratio œstrogènes/progestérone est le plus élevé. Vous trouverez plus d’information sur ce sujet dans mon précédent article sur le lien entre histamine set hormones.

A noter que si vos symptômes digestifs ou extra-digestifs sont significatifs ou tendent à augmenter, il est souhaitable de travailler en nutrithérapie ou naturopathie pour réguler l’excès d’imprégnation ostrogénique. En identifiant la ou les causes derrière et en agissant par le biais de l’alimentation, des plantes ou de la micronutrition, on arrive généralement à corriger ces déséquilibres fins.

Impact des hormones stéroïdes sur le microbiote

La flore intestinale de la femme évolue en fonction de son cycle et en fonction de la phase de vie (enfance/puberté/période fertile/ménopause). Il semblerait également, mais les données sont encore trop peu nombreuses pour en être sûrs, qu’elle soit également modifié (légère diminution de diversité remarqué et augmentation/diminution de certaines espèces) par la prise de pilule oestro-progestative (donnée à prendre avec des pincettes car les études ont été menées sur des panels de moins de 20 personnes !). Cette variation impacte notamment une partie de notre microbiote intestinal appelé estrobolome.

Impacts de notre système digestif sur l’équilibre hormonal

Les rôles du foie dans la balance hormonale

Pour commencer, le foie produit le cholestérol à partir duquel sont synthétisées toutes nos hormones sexuelles. Une alimentation trop pauvre en graisses (surtout en bonnes graisses de type omega-3) ou en glucides, la prise de statines peuvent entrainer une diminution du cholestérol et donc une baisse de la production d’hormones stéroïdes (hormones sexuelles, mais aussi cortisol, DHEA,…).

Ensuite, le foie est chargé de recycler les hormones, dont les œstrogènes. La prise d’hormones sur un foie déjà ‘saturé’ (par manque de micronutriments ou par excès de toxiques) peut orienter les œstrogènes vers une mauvaise voie de dégradation, créant des composés au pouvoir ostrogénique largement supérieur, augmentant là encore l’imprégnation ostrogénique, avec toutes ses conséquences derrière.

Pour ceux et celles que cela intéresse, voici le détail (source : Guénaelle Abéquilé – Cours DFM Formation 2023)

N’oublions pas enfin le rôle du foie dans la conversion des hormones thyroïdiennes T4 en T3 ! C’est d’ailleurs à ce niveau qu’à lieu la majeure partie de cette conversion, donc un foie saturé (ou inflammé, selon les critères plus scientifiques) aura tendance à moins bien faire cette conversion, pouvant entrainer une baisse de T3 et tous les signes d’hypothyroïdie (donc impact sur la digestion, sur la détox hépatique, sur la production d’hormones…)2.

Comment l’intestin impacte l’équilibre hormonal 

Plutôt que de parler ‘d’intestin’, je devrais parler d’écosystème intestinal car c’est finalement à plusieurs niveaux que cela se joue.

Le premier rôle de l’intestin se fait au niveau de la perméabilité sélective :

Une bonne perméabilité permettra une bonne absorption des nutriments clés pour le fonctionnement du foie, de la thyroïde, la production d’hormones,…) et un frein à l’entrée pour les endotoxines.

A l’inverse, un intestin ‘poreux’, aura tendance à exacerber les carences (la plus visible, car plus testée, est souvent la carence en fer, entre-autre problématique pour la fonction thyroïdienne). Cela entrainera aussi le passage d’endotoxines ou de bouts de protéines alimentaires insuffisamment digérés dans le système sanguin, source d’inflammation à bas bruit. Cette inflammation peut à un certain moment venir augmenter la sensibilité des récepteurs aux hormones ou encore gêner la fonction thyroïdienne (diminution de la conversion T4 en T3, par exemple).

Le second rôle concerne le microbiote intestinal, ou plus exactement une partie de celui-ci : l’estrobolome. Les bactéries de cet estrobolome produisent une enzyme, la bêta-glucuronidase, qui interfère avec l’élimination des estrogènes ‘usagés’ transportés par la bile, pour les remettre en circulation. Si cette activité enzymatique est trop importante en raison d’une dysbiose (notamment chez personnes souffrant de SIBO, candidose ou autres), cela peut occasionner un excès réel ou relatif d’œstrogènes …ce qui a des conséquences sur les symptômes digestifs comme évoqué plus haut, autant que sur le syndrome prémenstruel, l’endométriose, ou encore le risque de cancer du sein.

Pour conclure

Vous voilà donc maintenant informés sur toutes (ou en tout cas un bon nombre) les  interactions entre votre système digestif et vos hormones. Cela pointe surtout du doigt la nécessité d’aborder un déséquilibre de manière globale. L’homme a cherché à tout découper en parties, par souci de siplicité et de compréhension, il nous faut maintenant remettre du lien entre ces parties. Cela prends notamment son sens pour aborder des troubles hormonaux ou digestifs sévères ou chroniques: SII, endométriose, SIBO,… 

 

Sources

1-Daher R, Yazbeck T, Jaoude JB, Abboud B. Consequences of dysthyroidism on the digestive tract and viscera. World J Gastroenterol. 2009 Jun 21;15(23):2834-8. doi: 10.3748/wjg.15.2834. PMID: 19533804; PMCID: PMC2699000.

2- https://www.lanutrition-sante.ch/lhypothyroidie-un-diagnostic-sous-estime-partie-1-symptomes-signes-cliniques-et-examens-biologiques/

Et globalement : Cours HormonoPratik-DFM Formations novembre 2023, par Guenaelle Abéguillé.

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