Depuis quelques mois, je reçois beaucoup de personnes avec des problèmes d’intestin irritable et qui ont subi une ablation de la vésicule biliaire quelques mois avant l’apparition de leurs symptômes. Certains diraient que c’est une coïncidence…mais moi je ne crois pas aux coïncidences ! Le problème de l’ablation de la vésicule, c’est que bien souvent cela ne fait qu’enlever le symptôme (la douleur) mais que cela ne traite pas la cause première qui est la mauvaise qualité de la bile ! Ensuite, cette brave vésicule joue quand même un rôle très important et lorsqu’on ne l’a plus, il convient d’adapter son alimentation sinon les problèmes digestifs risquent de s’enchainer. Je vous propose d’explorer plus en détail une cause méconnue du SII (ou syndrome de l’intestin irritable) et les moyens d’y remédier (ou de prévenir !)
Faisons connaissance avec cet organe souvent méprisé: la vésicule biliaire
La vésicule biliaire est généralement considérée comme « négligeable », c’est pourquoi on n’hésite pas à l’enlever. S’il est vrai que l’on peut vivre sans vésicule, elle a une vraie utilité que ce soit physiologique ou énergétique (au regard de la Médecine Traditionnelle Chinoise ou MTC).
Organe en forme de petite poire de 10cm de long au maximum, la vésicule est logée contre le foie, en bas de celui-ci. Sa paroi est fine et entourée de muscles lisses qui lui permettent de se contracter. Elle récupère la bile produite par le foie et la stocke pour la libérer lors de la digestion. Plus le bol alimentaire contient de gras et plus la quantité de bile libérée sera importante car celle-ci aide à la digestion et l’absorption des matières grasses, de même qu’à l’absorption des vitamines liposolubles (A, E, K, D).
Pourquoi les calculs biliaires se forment-ils ?
Origine des calculs biliaires (si la théorie vous ennuie, passez directement au point suivant !)
La bile est un liquide jaune-verdâtre, légèrement épais et composé de mucus, de pigments et de sels biliaires, de cholestérol et de sels minéraux, notamment de calcium.
Il existe 3 types de calculs dont les causes de formation diffèrent :
- le premier type de calcul, celui que l’on retrouve le plus souvent, est constitué d’une majorité de cholestérol (~90%). Ce type de calcul va se former lorsqu’il y a une sursaturation de cholestérol au niveau du foie, soit par excès de synthèse de cholestérol, soit par manque de transformation du cholestérol en acides biliaires car l’enzyme chargé de réaliser cela ne fonctionne pas à son maximum. Du coup, il y a une accumulation de cholestérol qui précipite sous forme de cristaux. C’est l’accumulation de ces cristaux qui forme des calculs.
- le 2e type de calcul est à base de bilirubine (pigment coloré) majoritairement. Ces calculs se reconnaissent par leur couleur marron ou noire. Dans ce cas, les calculs se forment lorsqu’il y a un excès de bilirubine dans la bile, à cause notamment d’une forte dégradation des globules rouges (libérant le fameux pigment, récupéré par le foie pour former la bile !). L’excès de bilirubine par rapport au reste des ‘ingrédients’ du mélange crée un mélange instable qui précipite. On obtient des calculs plutôt colorés et souvent liés à des infections bactériennes au niveau de la vésicule biliaire.
- le 3e type de calcul est de type mixte, associant cholestérol, bilirubine et minéraux (différents sels de calcium). Là encore, ils vont se former soit parce qu’il y a un excès de cholestérol ou de la bilirubine, voire un excès de calcium !
Les facteurs déclencheurs
Le corps est une formidable machine bien huilée…mais qui peut dysfonctionner si un grain de sable vient se mettre dans les rouages. Voici quels peuvent être les « grains de sable » pouvant déclencher la formation de calcul :
- Une alimentation déséquilibrée avec un excès de graisses animales (viandes, produits laitiers) et/ou une consommation de végétaux insuffisantes, créant un terrain acide.
- Une perte de poids rapide suite à un jeûne ou régime trop drastique (ou anorexie). Le jeûne provoque également une mise à l’arrêt de tout le système digestif, ce qui crée une accumulation de bile dans la vésicule biliaire et augmente le risque d’accumulation de calculs.
- Le surpoids qui rend la vésicule ‘paresseuse’ et moins prompte à se vider. L’obésité est aussi souvent liée à un excès de cholestérol dans la bile, qui peut précipiter en calcul.
- Le manque de cholestérol HDL ( ‘bon’ cholestérol) ou un excès de cholestérol LDL
- La prise de statines , destinées à réduire les taux de cholestérol dans le sang, le poussent à passer dans la bile. L’augmentation du taux de cholestérol dans la bile augmente la probabilité de faire des calculs biliaires
- La grossesse accroit le risque de création de boues biliaires (bile épaisse, de mauvaise qualité) en raison des bouleversements hormonaux
- La prise de pilule contraceptive et l’excès d’œstrogène. Les œstrogènes semblent augmenter le taux de cholestérol dans la bile et pourraient diminuer les contractions de la vésicule biliaire (ce qui accroit la stagnation de bile et donc le risque de formation de calculs)
- Les diabètes de type I ou II
- Origine génétique et donc héréditaire. Les enfants ont rarement de calculs avant 10ans, mais ce type de défaut génétique se voit dès les premières années par des selles grasses (stéatorrhées), une plus forte sensibilité aux jaunisses, un retard de croissance, un gros foie.
Il est également possible que certains déséquilibres d’ordre émotionnels puissent entrainer une susceptibilité plus importante au développement de calculs rénaux. Ainsi, les calculs peuvent être le résultat de la cristallisation d’émotions ou de pensées dures envers soi-même ou les autres, qu’on refoule. Colère, sensation d’injustice, entretien d’un sentiment de rancune envers soi-même ou une autre personne
Pourquoi la cholecystectomie ne résout pas tous vos problèmes et peut être a l’origine d’un intestin irritable ?
Enlever la vésicule lorsqu’elle est pleine de calcul permet bien entendu d’enlever la douleur, mais elle ne résout pas toujours le problème initial qui est une mauvaise qualité de la bile ! Si celle-ci est remplie de boues (donc trop épaisse) ou juste de mauvaise qualité (sursaturée en cholestérol ou en bilirubine), elle a peu de chance de jouer son rôle de digestion et d’absorption des graisses. Cela peut résulter à la longue en des problèmes de transit (selles grasses/ stéatorrhée ou au contraire constipation) et un déséquilibre de la flore intestinale, dans le grêle (SIBO) ou dans le colon. Des symptômes évoquant le fameux symptôme de l’intestin irritable ou SII.
Autre souci très fréquent : la vésicule sert à stocker et réguler le flux de bile. Lorsqu’elle n’est plus là, la bile s’écoule en continu, en petite quantité. Si l’alimentation n’est pas adaptée en conséquence, notamment en limitant la prise de matières grasses animales, cela crée des soucis digestifs.
Comment éviter les risques de complications digestives en cas de calcul ou suite a une cholescystectomie?
J’aimerais déjà commencer en disant que l’ablation de la vésicule biliaire n’est pas forcément une fatalité. Il est souvent possible de prévenir dès l’apparition des premiers calculs (à condition de les détecter suffisamment tôt…).
Modifications alimentaires
En cas de calculs ou après une cholécystectomie, il est indispensable de modifier son alimentation avant toute chose. Voici comment :
- Diminuer ses apports en matières grasses animales saturées (viandes rouges _bœuf, veau, porc, agneau, canard…_ produits laitiers, graisses cuites, fritures, chips et fast-food) et augmenter les apports en acides gras de type Omega-3 (poissons gras, huile de colza/lin/cameline vierge et issues de première pression à froid) et d’huile d’olive vierge.
- Avoir une alimentation alcalinisante en consommant au moins une demi assiette de légumes à chaque repas principal ainsi que une à deux portions de fruits par jour. Les féculents en revanche doivent être limités.
- Augmenter la prise de fibres insolubles: légumes, fruits (crus ou en compote, pas en jus !), céréales complètes ou aliments à base de farines complètes, légumineuses (lentilles, fèves, haricots, … selon tolérance), son d’avoine, …
- Favorisez les aliments amis du foie et ceux riches en antioxydants: betterave, pour fluidifier la bile, artichaut, pissenlit, brocoli et pousses de brocoli, romarin, thé vert bio, fruits rouges. En cas de gros calculs, le curcuma ou le radis (blanc ou noir sont déconseillés car ils peuvent augmenter le flux de bile et ainsi pousser les calculs dans le canal et le boucher. Outre cette contre-indication, ces plantes seront au contraire recommandées.
Remarque concernant les œufs : pour une meilleure digestion, consommez-les avec le blanc cuit et le jaune coulant (œufs au plat ou mollets) et de préférence issus de filière Omega-3 ou Bleu-Blanc-Cœur. Ils seront ainsi riches en omega-3.
Les compléments alimentaires utiles
Si malgré ces modifications alimentaires, vous voyez que vos selles sont grasses/collantes et/ou claires, ou que vous êtes constipée, alors des compléments alimentaires peuvent vous aider à soutenir la digestion :
- Mélanges de bourgeons permettant d’augmenter la synthèse de bile : Depuragem de chez Herbalgem, par exempleMélange de plantes en phytothérapie: chardon marie et artichaut sont particulièrement indiqués en cas de constipation, mais d’autres sont également bénéfiques : pissenlit, romarin, voire radis ou boldo…Mieux vaut demander l’avis de votre thérapeute avant car chaque plante aura un rôle différent et il sera le mieux placé pour définir quelles plantes sont les plus adaptées pour vous
- Beta-plus ou Beta-TCP chez Energetica Natura qui viendront fluidifier la bile (en cas de bile épaisse) et apporter des enzymes pour mieux digérer les graisses,
Associer une alimentation adaptée avec une éventuelle prise de compléments pourra vous aider à mieux digérer et ainsi éviter les problèmes intestinaux. Là encore, je vous invite à consulter votre naturopathe ou moi-même pour définir l’approche qui sera la plus adapté pour vous. J’espère en tout cas que cet article vous sera utile et vous permettra de prévenir de possibles désordres digestifs (et des carences…mais on s’en aperçoit généralement un peu tard !)
Sources:
-https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3899548/
-Professeur Joyeux- blog – https://professeur-joyeux.com/2014/12/16/votre-vesicule-biliaire-vous-parle/