Après plusieurs mois sans écrire (du moins pour mon blog !), voici un article sur un sujet qui me tient à cœur. Vous le savez, il m’est important d’accompagner les femmes pour les aider à reprendre le pouvoir sur leur santé, à être actrice de leur bien-être. L’endométriose est typiquement un problème de santé qui peut grandement s’améliorer dès lors qu’on adopte une approche globale ou holistique. Encore faut-il le savoir ! Si le sujet t’intéresse, et que tu as envie d’agir pour ta santé, alors je t’invite à lire la suite de cet article.
L’endométriose en quelques mots
L’endométriose touche 1 femme réglée sur 10 en France et dans le monde. Encore souvent mal connue, son diagnostic peut prendre plusieurs années. L’endométriose est liée à a multiplication de cellules de type endométriosiques en dehors de la cavité utérine. Ces cellules peuvent rester localisées dans la cavité abdomino-pelvienne ou migrer/se développer ailleurs (vessie, intestin, diaphragme,…), ce qui peut occasionner des douleurs périodiques (en lien avec le cycle) à différents endroits du corps.
Parmi les symptômes les plus courants, on va retrouver des douleurs prémenstruelles importantes, des règles souvent importantes voire hémorragique et souvent douloureuse, des douleurs lors des rapports ou en allant à la selle, des douleurs intestinales, une fertilité diminuée. Par ailleurs, si l’endométriose n’est pas une maladie auto-immune, elle est souvent corrélée à une plus forte fréquence de pathologies auto-immunes (thyroïdite d’Hashimoto, SEP,…)1.
La prise en charge allopathique de l’endométriose est classiquement la prise de pilule pour éviter l’ovulation, associée à la prise d’anti-inflammatoire pour aider à gérer la douleur. A termes, la chirurgie est proposée pour enlever l’utérus. Le souci, c’est que cela n’adresse pas le cœur du problème, juste le symptôme, et que cela n’aide pas les femmes qui ont un désir d’enfant. Sans compter les effets délétères de la prise d’anti-inflammatoires sur le long terme au niveau du foie et de l’écosystème intestinal.
Les causes ou facteurs déclencheurs de l’endométriose
L’endométriose est très probablement multifactorielle. On a longtemps pensé qu’elle pouvait être liée à un reflux du sang des règles…Cette théorie tend a être de plus en plus invalidée (déjà parce que 90% des femmes seraient concernées par ce reflux mais seules 10% souffrent d’endométriose…). Parmi les autres hypothèses : un souci lors de l’embryogénèse, défaut de différentiation de cellules, perturbateurs endocriniens, dysfonctionnement immunitaire, …et bien sûr l’aspect génétique2.
Approche naturelle et intégrative de l’endométriose
Pour moi (et je m’appuie sur les enseignements de thérapeutes et formateurs en hormonologie fonctionnelle, ainsi que sur les ouvrages du Dr C. Northrup, gynécologue américaine), l’endométriose mérite d’être prise en charge selon 4 piliers :
- Prise en charge de l’inflammation de bas-grade : cette inflammation à bas-bruit fait le lit de nombreuses maladies de civilisation et dérèglements immunitaires. Elle est également omniprésente chez les femmes souffrant d’endométriose
- Prise en charge de l’excès d’œstrogènes ou de l’excès d’imprégnation ostrogénique
- Prise en charge de l’écosystème intestinal (généralement c’est d’ailleurs une des causes majeures d’inflammation !)
- Approche émotionnelle : le fait de souffrir d’endométriose est déjà un facteur de stress évident. Au-delà de cela, il semblerait y avoir une cause émotionnelle à ce type de trouble.
Chacun de ces points pourrait faire l’objet d’un chapitre voire d’un livre entier, je vais quand même tenter de vous les résumer.
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Gérer le terrain inflammatoire
Une inflammation de bas grade peut être directement liée à l’alimentation : pas assez d’aliments anti-inflammatoires ou antioxydants et excès d’aliments pro-inflammatoires.
Outre ces conseils assez généraux, il est également souvent utile en cas d’endométriose d’identifier ses aliments pro-inflammatoires propres afin de les éliminer sur le court et moyen terme pour faire baisser le niveau d’inflammation. Pour cela, je préconise souvent de réaliser un test d’hypersensibilités alimentaires (dosage des IgG chez Imupro ou Barbier-Bioavenir ou Juvénalis).
Il n’y a pas d’études le démontrant avec certitudes, cependant les (rares) études menées sur le lien entre endométriose et alimentation tendent à montrer une plus forte prévalence d’intolérances alimentaires chez les femmes souffrant d’endométriose3. Personnellement, j’ai pu voir les bénéfices de ce type d’alimentation excluant ses aliments à IgG élevés chez les femmes souffrant d’endométriose et plusieurs collègues font le même constat (Dr Mussi, Dr Stien,…).
Par ailleurs, un bon microbiote, riche en bactéries probiotiques productrices de butyrate, de même qu’une bonne perméabilité intestinale permettront d’optimiser le niveau d’inflammation…ce qui nous amène directement au 2e point.
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Optimiser son écosystème intestinal
Un microbiote intestinal riche en bactéries productrices d’AGCC (acides gras à chaines courtes), notamment de butyrate, participe à une bonne perméabilité intestinale et à éviter le développement d’une inflammation de bas grade. Une partie des œstrogènes éliminés par la bile pouvant être remis en circulation par certaines bactéries intestinale (augmentant ainsi l’excès d’œstrogènes circulant), là encore avoir un microbiote équilibré, diversifié et riches en bonnes bactéries permettra de limiter ce processus.
Pour cela, consommer une alimentation riche en végétaux (600-700g/jour), en céréales complètes ou semi-complètes (ex : sarrasin, riz semi complet ou complet, pain de PETIT épeautre,…), ou en aliments lactofermentés (yaourts/yaourts végétaux, tofu lactofermenté, tempeh, miso, légumes lactofermentés, kéfir) permettra de favoriser cette bonne flore.
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Prendre en charge l’excès d’imprégnation ostrogénique
Il peut y avoir une quantité excessive d’œstrogènes ou bien un excès d’œstrogènes vs progestérone ou des récepteurs aux œstrogènes hyper-sensibles. Selon les cas, la prise en charge sera différente, d’où la nécessité de se rapprocher d’une personne formée en hormonologie fonctionnelle, moi ou une autre.
Parmi les choses qui peuvent néanmoins être faites dès a présent si vous souffrez d’endométriose :
- Gérer le terrain inflammatoire (cf ci-dessus)
- Avoir un bon statut en omega-3, en vitamine D, en vitamines B9 et B12 et en iode et se complémenter au besoin (à vérifier par des dosages biologiques avant tout)
- Se complémenter en bon magnésium (bisglycinate ou glycérophosphate de préférence)
- Travailler sur la détoxification du foie, déjà en consommant du brocoli peu cuit voire cru, riche en sulforaphane, ou encore de l’artichaut, du curcuma, du radis noir ou blanc, de l’ail ou de l’ail des ours
- Moduler les récepteurs aux œstrogènes en consommant 2-3x/semaine du tofu lactofermenté, du tempeh ou des yaourts au soja, voire des graines de lin broyées au quotidien (selon tolérance)
- Eviter les perturbateurs endocriniens! Je vous invite pour cela à lire ce livre pour en savoir plus.
- Gérer son stress !!!
Des plantes pourront venir aider à moduler la progestérone si besoin, mais mieux vaut les choisir selon votre cas.
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Guérir ses blessures émotionnelles et gérer le stress
Dans le corps, toutes les hormones interagissent et le cortisol (‘hormone du stress’), s’il est chroniquement trop haut ou au contraire effondré, va fortement impacter les hormones thyroïdiennes et stéroïdes
. Donc apprendre à gérer son stress sera un facteur clé de réussite (ce qui peut passer par des pratiques type yoga, méditation, sophrologie, exercices de respiration…mais pas que ! Si vous êtes hypersensible ou « anxieuse de naissance », mieux vaudra aussi travailler en thérapie brève sur les causes profondes et vos mécanismes de défense…).
En revanche, en matière d’endométriose, cela peut aller plus loin que ‘juste’ aborder le stress. De nombreux thérapeutes, dont le Dr Christine Northrup, mettent en avant l’importance de blessures émotionnelles dans l’endométriose. Parmi les sens ou symboliques que l’on peut retrouver en lien avec cette maladie :
- un conflit entre ses besoins profonds et les injonctions sociétales à avoir des enfants,
- une peur voire un refus inconscient d’enfanter ou croyances négatives associées au fait d’être mère,
- une colère vis-à-vis de sa propre mère,
- une incapacité à laisser s’exprimer sa propre créativité.
Bien sûr l’idée n’est pas de s’enfermer dans ces potentielles causes, si rien ne te parle ! Dans certains cas, cela peut être aussi en lien avec des blessures transgénérationnelles, pour celles qui y croient 😉 Je trouve qu’il y a quand même sujet à creuser. Pour moi rien n’arrive par hasard et s’en tenir seulement à l’aspect biologique/alimentaire est souvent trop restrictif et ne permet pas d’aborder les « mots derrière les maux »…
Sources :
- Shigesi N, Kvaskoff M, Kirtley S, et al. The association between endometriosis and autoimmune diseases: a systematic review and meta-analysis. Hum Reprod Update. 2019;25(4):486-503. doi:10.1093/humupd/dmz014
- Sourial S, Tempest N, Hapangama DK. Theories on the pathogenesis of endometriosis. Int J Reprod Med. 2014;2014:179515. https://doi.org/10.1155/2014/179515
- schink, p.c. konturek, s.l. herbert, s.p. renner, s. burghaus, s. blum, p.a. fasching, m.f. neurath, y. zopf -Ddifferent nutrient intake and prevalence of gastrointestinal comorbidities in women with endometriosis – https://www.jpp.krakow.pl/journal/archive/04_19/articles/09_article.html