L’alimentation est un pilier fondamental lorsqu’on souffre d’une pullulation bactérienne de l’intestin grêle ou SIBO (et c’est vrai pour les 3 types de SIBO/IMO). Ce n’est pas un ‘outil’ suffisant, mais il fait partie du traitement de cette dysbiose, au moins dans le cadre d ‘une approche globale et fonctionnelle. Voyons ensemble quels régimes peuvent être préconisés et comment faire le bon choix pour soi.
A quoi sert un régime SIBO ?
Commençons par balayer quelques idées reçues pour aborder les vraies raisons derrière un changement alimentaire.
Déjà, un ‘régime SIBO’ n’a généralement pas pour objectif de guérir la dysbiose. Autant vous prévenir de suite pour éviter de vendre du rêve. La seule alimentation qui permettra (possiblement) de corriger la dysbiose du grêle sera la diète élémentaire, j’en parlerai à la fin.
Ensuite, une alimentation spécial SIBO n’a pas non plus pour objectif d’être maintenue à vie ou sur le long terme. C’est même plutôt déconseillé car cela appauvri la flore du gros intestin et amène généralement à d’autres déséquilibres et problèmes de santé.
En revanche, les objectifs d’un régime adapté au SIBO sont :
- Diminuer les symptômes digestifs pour un meilleur confort au quotidien,
- Permettre de diminuer les effets secondaires (ou die off) souvent liés au traitement
- Voire de rendre le traitement plus efficace (à condition de ne pas être trop restrictif, sinon c’est l’effet inverse)
Quels régimes sont recommandés pour le SIBO ?
Parmi la myriade de régimes prônés par les réseaux sociaux, on peut en distinguer 4 qui sont plus souvent recommandés en cas de SIBO :
- Le régime pauvre en FODMAPS
- La diète bi phasique préconisée par le Dr Jacobi)
- Le régime à glucides spécifiques (specific carbohydrate diet)
- Le régime carné
- Le régime élémentaire
Le régime pauvre en FODMAP
C’est surement le régime SIBO le plus connu. Il a été mis au point (ou au moins largement creusé) par la Monash University. Il vise à limiter au maximum sa consommation de sucres et fibres fermentescibles à savoir :
Plusieurs listes existent, la plus fiable et plus précise étant donnée par l’application de la Monash University . L’objectif de ce régime n’est pas d’éliminer complètement des aliments considérés comme fermentescibles mais de tenir compte également des quantités permises. C’est pourquoi, sur cette application, on retrouve les quantités de portion d’aliments calculées sur une échelle de ‘fermentibilité’ (faible, modéré et élevé) à travers une échelle de couleurs. Ainsi, si les asperges contiennent bien des FODMAP de type fructanes, en consommer 3 sur un repas peut être considéré comme acceptable…. Il faut cependant garder en tête que cela peut aussi dépendre de la tolérance de chacun ! Ce sera parfois trop pour certaines personnes, alors que d’autres pourront en consommer d’avantage sans souci.
Ce type d’alimentation est plus souvent recommandé dans les cas d’intestin irritable, ou SII. Le SIBO est un type de SII et donc il répond globalement bien au régime pauvre en FODMAP (selon les études, environ 75% des gens avec un SIBO voient leur situation s’améliorer avec ce régime). Cependant, ce n’est pas toujours suffisant car dans le cas du SIBO, d’autres types de glucides peuvent aussi être fermentés par les bactéries (ou une candidose sous-jacente !).
C’est pour cela que certains spécialistes américains, comme le Dr Jacobi ou le Dr Siebecker, ont mis au point d’autres régimes jugés plus efficaces.
La diète bi-phasique du Dr Jacobi
M’étant formée auprès du Dr Jacobi, c’est le protocole alimentaire que j’ai le plus recommandé (avec des bémols cependant_cf après).
Ce régime SIBO se fait en 2 phases (voire 3) : une phase 1 qui débute par une sous-phase dite « stricte » puis une sous-phase dite « semi-stricte » qui vont exclure les sucres rapides et une bonne partie des glucides (la phase stricte notamment enlève la quasi-totalité des fruits et des céréales).
Ensuite, après 4 à 6 semaines de ce régime, on passe à la phase 2 qui permet de réintroduire certains aliments, comme certains fromages, la pomme de terre et des quantités un peu plus importantes de légumes contenant des FODMAP. Cette phase 2 correspond aussi au début du traitement antibactérien.
En effet, selon le Dr Jacobi, la 1ere phase doit permettre de baisser les symptômes d’au moins 50% et ‘affaiblir’ les bactéries. IL est cependant important de réintroduire un peu de glucides pendant la phase de traitement proprement dite afin d’éviter que ces bactéries ne se mettent en ‘sommeil ‘ dans des biofilms, ce qui rendrait le traitement moins efficace. C’est d’ailleurs ce que je remarque aussi dans les cas de candidose intestinale : les personnes qui suivent un régime d’éviction trop strict peinent à améliorer leur candidose , ce qui, selon moi, s’explique par une mise en sommeil des levure dans des biofilms (sorte de cocons protecteurs) en attendant le retour des sucres…
E-Book alimentation spécial SIBO
Ce type de régime présenterait une efficacité supérieure (75 à 90% selon les études).
Comme dit plus haut, je ne l’applique plus stricto sensu pour tout le monde car je me suis aperçue que chez les personnes avec une faible énergie vitale et/ou déjà très stressées par des mois de batailles alimentaires, et bien suivre ce régime très strict au début pouvait amener à une extrême fatigue voire encore plus de frustrations et donc être contre-productif. Impossible également de mettre une personne avec un IMO (présence de bactéries méthanogènes ou archées amenant généralement de la constipation) sous la phase 1 stricte de ce régime, au risque de la constiper encore plus par manque de fibres !
Le régime à glucides spécifiques ou régime GAPS
Le régime à glucides spécifiques a été créé par le Dr Sydney Haas avant d’être popularisé par Elaine Gottschall dans son ouvrage « Briser le cercle vicieux ». Gottschall pense que lors de certaines maladies digestives, l’intestin perd sa capacité à digérer les sucres complexes, en raison de la destruction des enzymes digestives situées à la surface de la muqueuse intestinale, provoquant ainsi le développement nocif de la flore bactérienne. Diverses études ont pu démontrer son efficacité dans les maladies inflammatoires de l’intestin ainsi que dans la maladie cœliaque. Le régime GAPS est une variante de cette diète qui exclut céréales avec et sans gluten, les sucres raffinés, les additifs, les produits laitiers industriels, et l’amidon (donc pomme de terre, et autres farineux).
Ce régime n’est pas adapté au SIBO car il maintient les légumes et fruits contenant des FODMAP.
Le régime carné ou carnivore
Comme son nom l’indique, il consiste à ne garder que des protéines animales : viandes, œufs, poissons et une petite partie de fromages pauvres en lactose. C’est donc une alimentation sans glucides ni fibres. Certaines personnes avec beaucoup d’intolérances alimentaires sont tentées d’adopter cette alimentation, mais pour moi c’est une fausse bonne idée!
Les sources de protéines animales n’apportent pas de fibres, n’apportent pas une bonne partie de vitamines et minéraux et sont fortement acidifiantes pour le corps. Cela amène donc à de multiples carences, à une acidose de l’organisme qui fonctionne de moins en moins bien, à une augmentation de l’oxydation cellulaire. Il fait surement disparaitre la plupart des bactéries jugées responsables du SIBO, mais, ce faisant, il fait aussi disparaitre les bactéries dites probiotiques du colon au profit de bactéries de putréfaction. Cela augmente donc l’inflammation viscérale, le risque de développer une intolérance à l’histamine ou un SIBO H2S (ou ISO).
La diète élémentaire
C’est une alimentation (assez extrême) qui vise à remplacer toute alimentation habituelle par des substituts de repas tres spécifiques composés uniquement de macronutriments élémentaires: sucres simples, acides gras et acides aminés, ainsi que des vitamines et minéraux. A l’inverse des autres régimes, la diète élémentaire ne doit pas durer plus de 2 à 3 semaines et se suffit à elle seule (pas besoin de traitement antibactérien en parallèle). Elle doit être encadrée par un diététicien pour bien adapter les apports caloriques mais même malgré cela elle amène souvent à une perte de poids, ce qui peut être problématique chez les personnes en sous-poids. Sans compter le coût élevé et la frustration liée.
Quel régime SIBO choisir ?
Pour moi, en cas de SIBO, seuls les 2 premiers régimes, low FODMAP ou diète bi-phasique, tiennent la route sans pour autant être trop problématiques pour la santé, à condition bien sûr de ne pas les suivre pendant plus de 6 mois (je sais, parfois c’est très compliqué de faire différemment !). Le choix de l’un ou de l’autre se fera en fonction des symptômes digestifs. Chez une personnes qui ballonne énormément, avec de très nombreuses diarrhées, ou des troubles installés depuis des années, il est fort possible qu’un régime pauvre en FODMAP ne suffise pas. A l’inverse, chez une personne chez qui les symptômes sont plus légers ou récents, commencer par une alimentation low FODMAP peut être suffisant. Pour une personne souffrant d’IMO avec constipation (ou de SII-C), j’orienterais plus vers le régime low FODMAP également ou alors vers la diète bi-phasique fortement adaptée (voire commence en phase 2 directement).
Il faut néanmoins savoir que ces régimes peuvent être compliqués à mettre en place seuls et créer une forte charge mentale qui est souvent problématique chez des personnes souvent déjà fort stressées (ce qui est le cas d’un grand nombre de patients atteints d’un SIBO ou IMO). Se faire accompagner par une personne qui s’y connait et pourra vous guider me semble important. IL est aussi indispensable de savoir s’écouter pour adapter : inutile d’éliminer des aliments qui passent très bien ou, au contraire, s’obstiner à garder des aliments tolérés alors qu’on sent bien qu’ils ne passent pas. Et bien sûr, gardez bien en tête que ce type d’alimentation ne suffira probablement pas seul à résoudre vos soucis.
Vous avez envie d’échanger sur votre problématique et de voir si je suis la bonne personne pour vous accompagner ? Réservez votre appel découverte gratuit !