L’intolérance à l’histamine – l’identifier (partie 1)

par | 1 Mai 23 | Blog, Santé digestive

Multi-intolérances alimentaires, reflux, douleurs, malaises, démangeaisons, faiblesse, fatigue, rougeurs, diarrhées… impression de « réagir à tout », de ne plus rien pouvoir manger, de ne plus rien supporter, il se peut que ce soit en lien avec l’histamine. Cette molécule est souvent bien connue des personnes allergiques à qui on prescrit des antihistaminiques. Pourtant, son rôle va bien au-delà et elle peut générer des symptômes désagréables, voire vraiment handicapant en dehors de véritables allergies. Qu’est-ce que cette « intolérance à l’histamine », comment la détecter et comment s’en défaire ? Les réponses dans cet article en 2 parties.

Qu’est-ce que l’histamine ?

L’histamine est une amine naturelle synthétisée à partir de la L-histidine, un acide aminé essentiel. C’est aussi une molécule de signalisation du système immunitaire intervenant dans les processus inflammatoires et allergiques.  Elle est synthétisé par les granulocytes basophiles et les mastocytes (cellules appartenant à une variété de globules blancs). L’histamine est stockée dans les cellules et libérée dans des circonstances telles que les réactions d’allergies.

L’histamine se trouve naturellement dans de nombreux endroits de notre corps (la peau, le foie, l’estomac, la moelle osseuse, le cerveau). Elle intervient également dans le processus d’acidification de l’estomac (indispensable à une bonne digestion) ou encore au niveau du cerveau, comme un neuromédiateur agissant sur le réveil.

L’histamine peut également être apportée par des aliments ou libérée lors de la digestion de ces derniers. Ainsi, l’histamine va se retrouver dans les produits ayant subits une fermentation ou une dégradation de leurs protéines lors du vieillissement. C’est le cas des fromages, des poissons fumés, de la charcuterie. Certains aliments sont naturellement riches en histamine, comme la tomate, les épinards ou certains fruits exotiques. D’autres aliments vont libérer de l’histamine ou d’autres amines biogènes (putrescine, cadavérine,…) lors de leur fermentation par des bactéries protéolytiques (=digérant les protéines) dans l’intestin. Enfin, certains aliments iront libérer l’histamine située dans les cellules de stockage de l’organisme.

aliments riches en histamine

Tableau 1- Lise simplifiée des aliments contenant ou libérant de l’histamine (*Le taux d’histamine variera selon l’espèce et restera faible si le poisson a été surgelé directement sur le bateau

Si le corps est normalement équipé pour gérer et dégrader cette histamine « exogène », il peut arriver que certains dysfonctionnements génèrent une « d’intolérance à l’histamine ».

Intolérance à l’histamine : de quoi parle-t-on vraiment ?

En matière d’alimentation, derrière le mot « intolérance » ou « hypersensibilité » se cachent différents types de réactions adverses aux aliments.

Certaines réactions font intervenir le système immunitaire et notamment les anticorps (IgE ou IgG). Il s’agit des allergies classiques, dites de type I ainsi que des hypersensibilités alimentaires retardées (cf. mon livre Hypersensibilités alimentaires & Emotionnelles – Les clés méconnues de douleurs et troubles digestifs chroniques).

En parallèle, on trouve les réactions non immunologiques dont l’intolérance au lactose ou l’intolérance à l’histamine (cf. graphe 1). Dans ce deux cas, on est davantage sur un processus enzymatique impliquant une mauvaise dégradation d’un composé alimentaire, le lactose ou l’histamine. Dans le cas de l’histamine on peut également parler de syndrome de pseudo-allergie.

 

Quels en sont les symptômes d’une pseudo-allergie à l’histamine ?

Il existe 4 types de récepteurs à l’histamine dans le corps (H1R, H2R, H3R et H4R). En fonction de leur localisation et du processus de réponse enclenché, on aura différents symptômes associés :

Système nerveux central Maux de tête/migraines, nausées, vomissements, bouffées de chaleur, malaises
Système digestif Diarrhées, douleurs intestinales, douleur estomac, reflux acide, gaz
Système cardio-vasculaire Tachycardie, arythmie, voire hyper ou hypotension
Système respiratoire Bronchoconstriction, production de mucus, rhinite, congestion nasale, éternuements
Peau Flush, démangeaisons, urticaire
Système reproducteur Crampes utérines, dysménorrhées

Il est rare qu’une personne présente tous les symptômes mentionnés ci-dessus. Souvent, cela se restreint à quelques-uns ou à des symptômes touchant la même sphère.

Pourquoi l’intolérance à l’histamine survient-t-elle ?

L’histamine apportée par les aliments ou libérée lors de la digestion est en général dégradée par 2 enzymes : la DAO (diamine oxydase) et la HNMT (Histamine N-méthyl transférase). Ces enzymes sont présentes au niveau des microvillosités des cellules de l’intestin. Elles permettent de dégrader l’histamine et d’éviter qu’elle ne s’accumule et ne traverse la barrière intestinale. La DAO est prépondérante dans l’intestin grêle, alors que les deux enzymes sont également actives dans le gros intestin, où la fermentation est la plus importante.

Il existe plusieurs raisons à l’apparition d’une intolérance à l’histamine.

  • Polymorphisme génétique:

De par leur héritage génétique, certaines personnes sécrètent peu de DAO ou ont une DAO qui fonctionne mal. Ce type de trouble est présent dès la naissance et peut être suspecté si les symptômes cités avant sont présents depuis toujours (ou plus exactement depuis le début de la diversification alimentaire).

  • Dommages causés aux cellules intestinales et aux microvillosités. 

On l’a vu plus haut, les enzymes chargées de dégrader l’histamine apportée par certains aliments sont situées au niveau des microvillosités des entérocytes (= cellules de la paroi intestinale). Si cette paroi intestinale est inflammée, ou que les villosités sont abimées, comme cela peut être le cas en cas de maladie cœliaque, de SIBO, de dysbiose du colon ou encore de soucis biliaires (excès d’acides biliaires secondaires), les enzymes DAO et/ou HNMT peuvent alors diminuer. Cela s’accompagne également d’une perméabilité intestinale accrue et donc d’un passage plus important que la normale d’histamine dans l’organisme.

N’oublions pas non plus l’effet du stress chronique sur la paroi intestinale ! La sécrétion accrue et sur la durée de cortisol vient inflammer la paroi intestinale et augmenter la perméabilité de cette barrière…

  • Déficience en certains cofacteurs

Les enzymes ont besoin de cofacteurs pour fonctionner. Généralement il s’agit de vitamines ou d’oligo-éléments qui leur permettent de fonctionner de manière optimale, un peu comme un ouvrier a besoin de ses outils pour travailler ! Les vitamines B6, B12, B9, B1 et C ainsi que le magnésium et le cuivre sont indispensables au fonctionnement optimal de ces enzymes et donc d’une bonne dégradation de l’histamine.

  • Inhibition des enzymes DAO ou HNMT

Certains composés peuvent venir inhiber les enzymes dégradant l’histamine. L’alcool est le plus important. Viennent ensuite la présence en grande quantité d’autres amines comme la cadavérine et la putrécine, toutes deux produits lors de la fermentation des protéines par certaines bactéries de l’intestin. Leur présence est normale…en quantité modérée. En cas d’excès de flore protéolytique, soit en lien avec une consommation de protéines importante, soit avec une maldigestion des protéines au niveau de l’estomac, ces métabolites sont produits en quantité plus importante et peuvent venir inhiber la DAO ou l’HNMT. En cas de SIBO ou d’intestin irritable où les végétaux sont souvent diminués (car beaucoup sont riches en FODMAP) au profit des protéines, le risque d’un fonctionnement ralenti des enzymes dégradant l’histamine est donc accru.

Les œstrogènes ont également la capacité de diminuer l’activité de la DAO. Les femmes en hyper-ostéogénie (réelle ou relative) peuvent donc avoir une dégradation de l’histamine réduite, surtout à certains moments du cycle.

Enfin, certains médicaments peuvent également inhiber la DAO : certains analgésiques, myorelaxants, hypertenseurs, anti-arythmiques, antihypertenseurs, bronchodilatateurs, antiémétiques, et certains antidépresseurs.

  • Hypersensibilité des récepteurs aux amines

Dans certains cas, on peut observer une sensibilité accrue des récepteurs à l’histamine. Cela est notamment le cas chez les femmes réglées. Ainsi, un niveau élevé d’œstrogènes pendant le cycle menstruel induit la libération d’histamine et peut également influencer la réponse tissulaire à l’histamine.

Quels tests demander pour confirmer ou infirmer une pseudo-allergie à l’histamine?

A l’heure actuelle il existe 2 types de tests pouvant être réalisés pour identifier une ‘intolérance’ à l’histamine.

Le premier consiste en un dosage de l’activité de la DAO dans le sérum (sang). Ce type de test peut être réalisé dans des laboratoires spécialisés comme le laboratoire Barbier, les laboratoires Biomnis-Juvénalis,  Imupro (R-Biopharm), … Cela pourrait permettre de mettre en évidence une activité de l’enzyme DAO insuffisante, soit par manque d’enzyme, soit par diminution de son activité enzymatique. En revanche il ne semble pas encore exister de test concernant l’activité de l’autre enzyme dégradant l’histamine, la HNMT.

Il est également possible de faire un dosage de l’histamine fécale. Ce dosage peut être réalisé chez LIMS (Belgique) ou par les Laboratoires Réunis.

Si tu suspecte une intolérance à l’histamine et que tu l’as identifiée, tu trouveras des pistes pour en venir à bout dans la deuxième partie de cet article sur les intolérances à l’histamine!

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